"Mektoub" : Sommes-nous libres ou tout est-il écrit ?

🕌 Une question de foi et de raison

Depuis toujours, l’être humain s’interroge : Lorsque je tombe malade, réussis mes études ou échoue dans un projet, s’agit-il d’un destin écrit d'avance ou du résultat de mes choix ?

Dans la tradition religieuse, le destin (القدر) et la décision divine (القضاء) font partie de la foi : rien ne se produit sans la science et la permission de Dieu. Mais cela ne signifie pas que l’être humain serait un simple spectateur de sa propre vie.

« Et l’homme n’obtiendra que le fruit de ses efforts. »

(Sourate An-Najm, 53:39)

Dieu a fixé les lois du monde — physiques, morales, spirituelles — mais c’est à l’homme d’agir à l’intérieur de ces lois.

Le « destin » n’est pas une fatalité ; c’est le cadre des possibles, et nos choix sont ce qui en trace le chemin.

🧬 Une question de savoir

Les sciences modernes parlent aussi de déterminisme : l’idée que tout effet a une cause. En biologie, par exemple, nos gènes influencent notre santé, notre tempérament, nos capacités.

Mais les chercheurs insistent : influence ne veut pas dire enfermement. Notre environnement, nos habitudes, notre éducation, et surtout notre conscience, participent à écrire notre histoire.

Ainsi, la biologie reconnaît ce que la foi enseigne : il existe des causes inscrites dans la création, mais l’homme conserve une marge de liberté pour agir avec responsabilité.

💭 Une question philosophique

Les philosophes ont eux aussi débattu de cette tension entre liberté et nécessité. Certains voyaient la liberté comme la compréhension des lois qui nous déterminent.

Autrement dit, être libre, c’est comprendre le cadre dans lequel nous vivons et y agir en conscience — non pas fuir les causes, mais les utiliser avec sagesse.

« Dieu a donné à chaque chose sa mesure. » (Sourate Al-Qamar, 54:49)

La foi et la raison se rejoignent ici : la liberté n’est pas l’absence de loi, mais l’art de choisir lucidement dans un univers de lois.

🌱 En conclusion

Croire au destin ne revient pas à s’abandonner passivement, mais à reconnaître l’ordre divin du monde et à agir avec conscience dans ce cadre.

L’homme ne décide pas du vent, mais il peut orienter sa voile.

Et c’est cette alliance entre la volonté de Dieu et l’effort humain qui fait naître la responsabilité, la morale et le sens.

C'est pour cela que Muhammad Iqbal n’a cessé de rappeler au musulman qui se cache derrière " C'est écrit" pour ne rien faire que l’islam n’est pas une religion d’attente, mais une énergie qui met l’homme debout.

• O toi qui dis que ceci ou cela devait arriver

• Et que par conséquent c’est arrivé

• Tu n’as pas compris le sens véritable du destin.

• Le croyant a une sorte d’intimité avec Dieu qui lui dit :

• "Nous sommes avec Toi, sois donc avec nous"

Pour Iqbal, Dieu n’abandonne jamais l’homme qui avance :

« Dieu est avec les vivants, ceux qui agissent pour transformer leur réalité. »

C’est pourquoi il criait à la jeunesse :

« Ne reste pas à festoyer sur le rivage. Plonge dans la mer, bats-toi avec les vagues : l’immortalité se gagne dans la lutte. »

Et il leur rappelait l’essentiel :

« Ne t’emprisonne pas dans les chaînes de la destinée ; dès que tu te mets en route, un monde s’ouvre devant toi. »

Pour Iqbal, être croyant, c’est refuser l’immobilité.

C’est marcher. Lutter. Créer.

C’est répondre à Dieu :« Nous sommes avec Toi… sois avec nous. »