Louange à Dieu, Maître de la création. Nous témoignons qu’il un seul Dieu, Clément et Miséricordieux et que Muhammad (Paix sur lui) est son Messager. Chers frères et sœurs en islam, je vous recommande ainsi qu’à moi-même la piété et la gratitude du Très Haut
Avant l'avènement de l'Islam, la société arabe, comme toutes les autres sociétés humaines avait ses propres formes de divertissements et de loisirs.
Les nobles se rassemblaient souvent lors de festivités où le vin coulait à flots. Appelés "majlis", ces assemblées étaient des occasions pour des discussions animées, des chants et des concours poétiques.
Chaque tribu y était représentée par son poète, qui exaltait l'honneur, les exploits glorieux de ses ancêtres, et célébrait la dégustation du vin.
Ces moments de convivialité renforçaient les liens sociaux tout en perpétuant les traditions orales et la mémoire collective.
Toutefois, la consommation excessive provoquait des disputes, qui dans le contexte tribal se transformaient rapidement en conflits.
Le Maysir, un "jeu de hasard" largement pratiqué et source de divertissement pour beaucoup, offrait à certains la possibilité de remporter d'importants gains, comme des chameaux, mais générait des pertes considérables pour d’autres, nourrissant la cupidité et la discorde, divisant ainsi la société.
Trois ans après leur installation à Médine, la jeune communauté musulmane sous la direction du Prophète Muhammad (Paix sur lui) se retrouva donc face à un défi majeur. Comment gérer les divertissements et les loisirs dans une société où la rivalité tribale aggrave les tensions et où certains jeux et loisirs finissent par conduire à la discorde et à la division ?
Dans sa sagesse, le Coran n’a pas interdit immédiatement ces pratiques, malgré leurs effets néfastes. Il a adopté une approche graduelle.
Dans un premier temps, il a reconnu l'importance des jeux et des loisirs, qui répondent à des besoins inhérents à la nature humaine. Ces activités sont en effet importantes pour l’équilibre mental et contribuent à renforcer les liens sociaux.
Ainsi, il est dit dans sourate les abeilles : Des fruits des palmiers et des vignes, vous retirez une boisson enivrante et un aliment excellent. Il y a vraiment là un signe pour des gens qui raisonnent. An-Nahl 16:67
وَمِن ثَمَرَ ٰتِ ٱلنَّخِیلِ وَٱلۡأَعۡنَـٰبِ تَتَّخِذُونَ مِنۡهُ سَكَرࣰا وَرِزۡقًا حَسَنًاۚ إِنَّ فِی ذَ ٰلِكَ لَـَٔایَةࣰ لِّقَوۡمࣲ یَعۡقِلُونَ
Le Coran se limite donc à rappeler à l'individu sa responsabilité, l'invitant à réfléchir aux conséquences de ses actes dans le but de faire des choix éclairés.
Dans sourate Al-Baqara, verset 219, il est plus précis :
Ils t'interrogent sur le vin et les jeux de hasard. Dis : Dans les deux, il y a un grand péché et aussi quelques utilités et profits pour les gens. Mais leur péché est plus grand que leurs profits.
يَسْألُونَكَ عَنِ الخَمْرِ والمَيْسِرِ قُلْ فِيهِما إثْمٌ كَبِيرٌ ومَنافِعُ لِلنّاسِ وإثْمُهُما أكْبَرُ مِن نَفْعِهِما
Ce n’est qu’à la suite d’un incident au cours duquel un compagnon fut blessé lors d’un repas bien arrosé que le Coran interdit aux musulmans de s'approcher de la prière en état d’ébriété. Ô les croyants! N’approchez pas de la prière alors que vous êtes ivres, jusqu’à ce que vous compreniez ce que vous dites. An-Nissa 43
يا أيُّها الَّذِينَ آمَنُوا لا تَقْرَبُوا الصَّلاةَ وأنْتُمْ سُكارى حَتّى تَعْلَمُوا ما تَقُولُونَ
Après ce verset marquant la deuxième étape, certains musulmans cessèrent de boire tandis que d'autres continuèrent. On rapporte que c'est dans ce contexte que Omar fit cette invocation : "Ô Allah, accorde-nous une clarification complète concernant le vin.
فَقالَ عُمَرُ: اللَّهُمَّ بَيِّنْ لَنا في الخَمْرِ بَيانًا شافِيًا
Et ce n'est qu'à la troisième étape que le Coran interdit clairement le vin et certains jeux en vogue à l'époque (maysir, ansab, azlam), mettant en avant leurs effets néfastes sur l'individu, sa foi, sa famille et ses relations sociales.
"Ô vous qui croyez ! Le vin, les jeux de hasard, les pierres dressées et les flèches divinatoires ne sont que des grands péchés, œuvres du diable. Éloignez-vous-en, afin que vous réussissiez. En vérité, le diable cherche à semer entre vous l'inimitié et la haine par le biais du vin et des jeux de hasard, et à vous détourner du souvenir de Dieu et de la prière. Ne cesserez-vous donc pas ? Al-Maidah 90-91
یَـٰۤأَیُّهَا ٱلَّذِینَ ءَامَنُوۤا۟ إِنَّمَا ٱلۡخَمۡرُ وَٱلۡمَیۡسِرُ وَٱلۡأَنصَابُ وَٱلۡأَزۡلَـٰمُ رِجۡسࣱ مِّنۡ عَمَلِ ٱلشَّیۡطَـٰنِ فَٱجۡتَنِبُوهُ لَعَلَّكُمۡ تُفۡلِحُونَ إِنَّمَا یُرِیدُ ٱلشَّیۡطَـٰنُ أَن یُوقِعَ بَیۡنَكُمُ ٱلۡعَدَ ٰوَةَ وَٱلۡبَغۡضَاۤءَ فِی ٱلۡخَمۡرِ وَٱلۡمَیۡسِرِ وَیَصُدَّكُمۡ عَن ذِكۡرِ ٱللَّهِ وَعَنِ ٱلصَّلَوٰةِۖ فَهَلۡ أَنتُم مُّنتَهُونَ
En Arabie, cette stratégie progressive des petits pas a été couronnée de succès, d'autant plus que Dieu promet Son pardon et Son amour à ceux qui par le passé ont été entraînés dans des grands péchés comme la consommation d'alcool ou la participation à des jeux illicites, à condition qu'ils s'engagent fermement dans le chemin de la taqwa, en multipliant les bonnes actions et en cherchant l'excellence.
Ce n’est pas un pêché pour ceux qui ont la foi et font de bonnes œuvres en ce qu’ils ont consommé (du vin et des gains des jeux de hasard avant leur prohibition) pourvu qu’ils soient pieux et qu’ils croient et qu’ils fassent de bonnes œuvres; puis qui (continuent) d’être pieux et de croire et qui (demeurent) pieux et bienfaisants. Certes, Allah aime les bienfaisants. Al-Maidah 95
لَيْسَ عَلَى ٱلَّذِينَ ءَامَنُوا۟ وَعَمِلُوا ٱلصَّـٰلِحَـٰتِ جُنَاحٌۭ فِيمَا طَعِمُوٓا۟ إِذَا مَا
ٱتَّقَوا۟ وَّءَامَنُوا۟ وَعَمِلُوا۟ ٱلصَّـٰلِحَـٰتِ ثُمَّ ٱتَّقَوا۟ وَّءَامَنُوا۟ ثُمَّ ٱتَّقَوا۟ وَّأَحْسَنُوا۟ ۗ وَٱللَّهُ يُحِبُّ ٱلْمُحْسِنِينَ
Les premiers temps de l'Islam nous enseignent que, bien que beaucoup aient réussi à abandonner leur consommation de l'alcool, certains sont même restés dépendants voire addicts. Et le Prophète (Paix sur lui) a clairement mis en garde contre, ceux qui dans leur précipitation à juger, réduisent une personne à sa mauvaise action, se permettant de la dénigrer ou de prier contre elle, alors même qu'elle est en difficulté.
Une telle attitude va à l'encontre de l'esprit de compassion que l'islam prône. Ce dont a le plus besoin un être humain en difficulté, c'est d'un soutien empreint de compassion et de bienveillance.
Dans un hadith authentifié par Al-Bukhari, le Prophète Muhammad (Paix sur lui) a dit : "Ne soyez pas des alliés du diable contre votre frère" (لا تكونوا عونا للشيطان على أخيكم). Dans un autre hadith authentifié par Abou Daoud, il recommande d'implorer le pardon et la miséricorde pour eux en disant : "اللهم اغفر له، اللهم ارحمه" (Ô Allah, pardonne-lui, Ô Allah, fais-lui miséricorde).
En conclusion, chers frères et sœurs,
Efforçons-nous de faire des choix de divertissement qui nous rapprochent de Dieu, renforcent nos liens, et nous permettent de mener une vie équilibrée et épanouissante.
Cultivons en nous une conscience spirituelle qui nous libère de toute dépendance et de toute addiction.
Œuvrons pour une dynamique vertueuse qui nous connecte harmonieusement à Dieu, à nous-mêmes et aux autres.
Ce n'est qu'en restant fidèles à ce projet spirituel qu'est (La taqwa), que nous pourrons jouer un rôle clé dans la prévention des comportements addictifs nuisibles qui traversent les sociétés d’aujourd’hui et qui sont sources d'instabilité et de discorde pour les individus et les familles.
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